ANNA LEONIE, un bel exemple de restauration

Il n’y a pas qu’au bord de la Moselle que naissent les projets de sauvegarde de bateaux historiques… En Allemagne, du côté de Sarrebruck, l’ANNA LEONIE a été entièrement rénové il y a quelques années, et est aujourd’hui devenu un bateau-musée.

Avec l’ouverture du canal des Houillères de la Sarre en 1866, reliant le canal de la Marne au Rhin à la ville de Sarreguemines (Moselle), et l’aménagement de la Sarre canalisée en aval de cette ville en direction de l’Allemagne jusqu’à Ensdorf, à l’aval de Sarrebruck (Allemagne), les échanges par voie d’eau entre la Sarre et la France se sont multipliés, notamment l’export de charbon et de produits métallurgiques sarrois vers les régions industrielles françaises, autour de Nancy ou de Lyon. Les mariniers français venaient charger en Sarre, et une flotte de bateaux sarrois s’est développée. L’ANNA LEONIE, que nous allons découvrir maintenant, en fait partie.

ANNA LEONIE a été construit en 1925-1926, sur le chantier Gebrüder Schäfer (Schäfer Frères) de Louisenthal (Sarrebruck). Comme beaucoup de bateaux encore à cette époque, il est sorti du chantier « à la traction », c’est à dire qu’il n’était pas équipé d’un moteur et d’une hélice pour sa propulsion, mais devait recourir au halage (des chevaux tiraient le bateau le long du canal) ou à la traction (les chevaux étaient remplacés par des tracteurs à moteurs thermiques ou électriques, sur pneus ou sur rails suivant les endroits). L’expression « bateau à la traction » utilisée en France pour désigner ces bateaux non-motorisés est traduite en Allemand par le mot composé « Treidelschiff », du verbe treideln, haler, et « das Schiff », le bateau. Le contraire d’un bateau à la traction, c’est un automoteur, en Allemand : Motorschiff.

Arrêtons là ce petit cours de langue et revenons-en au bateau ; l’ANNA LEONIE ne sera jamais motorisé, il continuera à travailler jusqu’à la fin des années 60, quand l’arrêt des services de traction l’oblige à s’amarrer définitivement à Sarrebruck.

Définitivement, ou du moins jusque dans les années 2000, puisqu’il devient en 2007 propriété de la Fischereiverband Saar (Association des pêcheurs de la Sarre), qui va alors lancer sa rénovation au chantier de bateaux Wirotius, à Hanweiler (c’est sur la Sarre, en Allemagne toujours, juste en face de la ville française de Sarreguemines).

La vidéo qui suit, intitulée « Flussgeschichten mit ANNA LEONIE – Von einer neuen Liebe zur alten Saar« , est un reportage datant de 2011 de la chaîne de télévision sarroise SR 1, qui a été rediffusé très récemment sur 3Sat, une chaîne généraliste internationale germanophone. On y découvre les différentes étapes qui ont conduit à transformer la quasi-épave qu’était devenu le dernier Treidelschiff sarrois en un remarquable bateau-musée, et, même sans parler allemand, on admire le travail réalisé par l’association et le chantier des frères Wirotius, d’ailleurs réputé dans le monde de la batellerie pour la qualité de son travail sur des « 38 mètres » quasiment légendaires…